Poste de sécurité,
Le Kremlin-Bicêtre, France
site : Le Kremlin-Bicêtre (94)
maîtrise d’ouvrage : Hôpital Bicêtre
maîtrise d’oeuvre : Emergence architectes mandataire + C.E.T.
surface : 640m² S.H.O.N.
calendrier : concours
montant des travaux : 6 780 000€ h.t.
Reconstruire le Poste Central de Sécurité de l’Hôpital Kremlin Bicêtre, c’est reconstruire l’entrée dans l’hôpital, rétablir cette surface d’échange entre l’extérieur et l’intérieur, signaler l’hospitalité des édifices au-delà de la nouvelle porte. Dans la forme et dans le fonctionnement, le nouveau poste de sécurité sera une représentation de l’Assistance Publique et des Hôpitaux de Paris, et plus particulièrement de l’Hôpital Bicêtre.
Face à la rue Gabriel Péri et à l’autoroute A6 sous-jacente, l’édifice doit répondre par sa morphologie à l’importance des flux comme à la largeur du paysage urbain. L’environnement et le programme du futur poste imposent un contrôle et une régulation des flux, un signal et un repère dans le paysage : une juste perméabilité et une certaine monumentalité seront façonneuses de cette réponse.
La constitution des différentes strates verticales et horizontales qui font la forme de l’architecture est la concrétisation des contraintes programmatiques et contextuelles ; la composition du plan est quant à elle la transcription d’une hiérarchisation des besoins en lumière solaire et visibilité -depuis l’intérieur et depuis l’extérieur- de chacune des fonctions.
Au rez-de-chaussée, le socle qui contient un accueil, le service de sécurité incendie et la salle de vidéosurveillance constitue une butée en béton aux flux, une assise pour le déploiement d’une verticalité au service d’une monumentalité et un support de signalétique destinée au regard dans l’environnement proche. Cette butée opaque s’effrite selon les besoins de visibilité de l’intérieur et devient perméable sur l’épaisseur de la frontière entre l’extérieur et le site de l’hôpital, soit sur l’épaisseur de la porte d’entrée. Ce monolithe ajouré qui s’inscrit dans le prolongement de l’enceinte du centre hospitalier est coiffé d’une toiture végétalisée dans la continuité du traitement végétal de la voie piétonne. Un jardin en terrasse dont les usagers peuvent profiter. Ce socle en dur prend appui sur un sous-sol qui est connecté par une galerie au bâtiment Pierre Testas et qui abrite des locaux aux usages ponctuels (réserves, vestiaires et locaux technique). Ce sous-sol est lui-même au-dessus d’un « bouchon étanche » en béton : en coupe, le socle devient une émergence minérale du sol.
Au premier étage et au second sont implantés les bureaux des chefs de service de la sécurité incendie et anti-malveillance, la salle de garde, les salles de détente et le service du standard. Ayant un seul point de montée qui regroupe ascenseur, escaliers, sanitaires et gaines au nord, les niveaux sont des plateaux libres permettant une flexibilité dans l’organisation et dans le cloisonnement. Les circulations verticales et horizontales sont réduites au minimum. Les circulations verticales s’ouvrent sur la façade Nord, les circulations horizontales s’ouvrent sur la façade Est face au bâtiment Pierre Testas et enfin les bureaux et détentes s’ouvrent sur les façades Ouest et Sud, façades les plus dégagées et les plus exposées au soleil.
La superposition des deux niveaux constitue une « tour » qui prend appui sur le socle. Cette verticalité obtenue par les proportions du plan et sa mise en volume construit la monumentalité et la force signalétique qui en découle. Parée de ventelles sur son périmètre Nord-Est-Ouest, une façade double-peau en verre au Sud devient un écran au soleil : elle rafraîchit en été grâce à la ventilation naturelle qu’elle génère et réchauffe en hiver grâce à l’effet de serre qu'elle produit. Cette double-peau devient aussi un écran de représentation du poste de sécurité et de l’hôpital Bicêtre, elle devient l’«oeil» du poste de sécurité. Face à cette ouverture protectrice sont disposés les bureaux des chefs de service et le standard. Rétroéclairée, la surface doublement vitrée devient un phare dans la nuit, un repère.
La dentelle en ventelles métalliques qui habille l’édifice participe à l’insertion de l’architecture dans l’environnement de l’hôpital Bicêtre, à sa monumentalité, à sa protection vis-à-vis des nuisances extérieures. La couleur ocre des ventelles métalliques rappelle les matériaux historiquement utilisés dans la construction du centre hospitalier que sont la brique et le moellon. Le reflet de l’architecture environnante dans ces lanières de cuivre offre à l’édifice une intégration parfaite sans renier sa contemporanéité. Le rythme régulier et la verticalité des ventelles accentuent la monumentalité de la construction et impose au regard une rigueur et un sérieux qu’un poste de sécurité doit inspirer. Elles assurent l’intimité aux usagers et s’épaississent ou s’affinent selon les besoins de lumière et de visibilité. Cette façade rigoureuse s’opacifie ou s’éclaircit selon la position du regard. Le poste de sécurité s’anime au fil du passage.